Le concours manœuvres des sapeurs-pompiers du 6 août 1905
L’objet que nous présentons aujourd’hui est une rare médaille, seule connue à ce jour, émise lors du concours manœuvres des sapeurs-pompiers qui s’est déroulé le 6 août 1905 à Romans.
Organisée par la compagnie de sapeurs-pompiers de Romans, cette manifestation avait réuni près de 80 compagnies venues de Genève, Nîmes, Grenoble, Cannes, Avignon et bien d’autres villes, principalement du sud-est de la France.
Un épouvantable accident
Dans l’après-midi, ont eu lieu des exercices de pompes et de sauvetage. C’est alors qu’un affreux accident a causé une vive et profonde émotion. La section de Voiron opérait une manœuvre de sauvetage au troisième étage d’une estrade. Un pompier suspendu par une corde lisse attachée à sa ceinture descendait avec un enfant supposé malade dans ses bras. La descente se déroulait normalement lorsqu’au deuxième étage, à une hauteur de neuf mètres environ, la corde cassa et les malheureux vinrent s’écraser au sol. Un cri immense s’échappa de toutes les poitrines. On se précipita vers les malheureuses victimes de cet épouvantable accident qui étaient Jean-Baptiste Charvet, 40 ans, marié, sans enfant, demeurant à Voiron, et Chalvin, 12 ans, demeurant à Bourg-de-Péage. Au moment de la parution de l’article relatant les faits, l’état des blessés n’était pas encore bien déterminé mais considéré comme très grave car ils avaient de nombreuses fractures et on craignait des lésions internes. Les deux victimes ont été immédiatement transportées à l’hôpital de Romans.
Un heureux dénouement
En cherchant dans les registres d’état civil et les recensements de l’époque, il n’y a qu’une personne qui corresponde au signalement de l’enfant.
Alfred Louis Chalvin est né le 6 janvier 1893 à Romans. Ses parents, Alfred Ferréol Alphonse Chalvin, ouvrier en chaussures, et Sylvie Thomé, étaient alors domiciliés dans le quartier des Vingt-Jardins à Romans. Mais en 1906, au moment de sa chute malheureuse, la famille était domiciliée Rue Neuve, à Bourg-de-Péage. Le 15 mars 1913, à Montélimar, Alfred Louis Chalvin était cordonnier et à épousé Angeline Alexandrine Béraud, une lingère native de Livron.. Il s’est donc bien remis de ses blessures et il est très heureux que l’histoire se termine de cette façon.
L’info en +
Parmi les interdits posés par le règlement de police pour la ville de Romans de 1841, certains concernent plus ou moins directement le travail des soldats du feu :
Il est défendu, sous quelque prétexte que ce soit, de répandre l’alarme parmi les citoyens, soit par de fausses nouvelles, soit par des discours ou des écrits, soit en sonnant les cloches, soit enfin par tout autre moyen, à moins que ce ne soit pour cause d’incendie, d’inondation ou de tout autre fléau, calamité, dont l’existence serait réelle et réclamerait les plus urgents secours.
Il est défendu de porter dans les rues de la braise allumée sans qu’elle soit dans des vases fermés, et de faire allumer des fourneaux, brasiers et poêles sur la voie publique.
Tout conducteur d’animal vicieux ayant l’habitude de mordre ou de donner des coups de pied ou de corne, devra en prévenir les passants.
Il est défendu à toute personne d’irriter ou exciter les insensés, même les gens ivres, de les pousser à des actes de violence qui peuvent compromettre la sûreté des passants.
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2025/06/14/la-medaille-du-concours-des-sapeurs-pompiers-d-aout-1905
- Revers de la médaille. Collection privée Jean-Yves Baxter.