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La Confrérie de saint Crépin et saint Crépinien à Romans, au XVIIIè siècle

La Confrérie de saint Crépin et saint Crépinien à Romans, en 1714Saint Crépin et son frère saint Crépinien sont deux martyrs chrétiens du IIIe siècle qui sont célébrés le 25 octobre.

Originaires de Rome, Crépin et Crépinien étaient cordonniers à Soissons où ils fabriquaient des chaussures pour les pauvres qu’ils ne faisaient pas payer et pour les riches qui appréciaient la qualité de leur travail. Vers l’an 285, ils furent dénoncés et conduits devant l’empereur Maximien, de passage dans le nord de la Gaule, qui leur ordonna d’abjurer leur foi chrétienne, ce qu’ils refusèrent. Maximien leur fit alors enfoncer des roseaux pointus sous les ongles mais les roseaux jaillirent des mains des saints et vinrent blesser les bourreaux. On les précipita ensuite dans une rivière avec une meule attachée à leur cou mais ils flottèrent à la surface sans se noyer. Puis l’empereur les fit jeter dans une citerne remplie de plomb fondu mais une goutte de plomb rejaillit dans l’oeil de l’exécuteur qui fut éborgné. Enfin, on les fit jeter dans de l’huile bouillante mais deux anges vinrent les sortir. Ils furent finalement décapités le lendemain. Leurs tombes se trouvent dans l’église San Lorenzo in Panisperna à Rome.

Trente ans plus tard, l’empereur romain Constantin Ier se convertira, ce qui mettra fin à la persécutions des chrétiens.

A Romans, la Confrérie de saint Crépin et saint Crépinien fut toujours très active et de nos jours, tous les 25 octobre, on célèbre encore cette fête chrétienne devenue tradition, dans le Musée international de la chaussure.

Le 26 janvier 1714, le roi de France confirma la délibération de l’assemblée des cordonniers de la ville de Romans signifiant que tous les étrangers (dans le sens de “cordonniers n’habitant pas la ville”) qui voudraient s’établir dans la dite ville seront tenus de payer aux prieurs ou receveurs de la Confrérie de saint Crépin et saint Crépinien la somme de soixante livres pour leurs droits de maîtrise après y avoir travaillé trois années sans travailler ailleurs pendant ce temps.

A l’entrée de leur apprentissage, les apprentis seront aussi tenus de payer cinq livres qui seront employées en cierges pour le service divin de la quête. S’ils restent ensuite travailler dans la ville, le temps qu’ils auront donné pour apprendre sera décompté des trois années et les cinq livres qu’ils auront payé leur sera diminué de la somme des soixante livres à devoir.

Les fils de maîtres cordonniers pourront s’établir quand bon leur semblera moyennant la somme de quatre livres et ceux qui prendront en mariage des filles de maîtres ne paieront que la somme de vingt livres.

Les maîtres cordonniers de la ville de Romans avait déjà fait cette requête le 11 décembre 1651.

Le 26 juillet 1744, devant Guillaume Charles Hamelin, notaire royal de la ville de Romans, les maîtres cordonniers comparurent pour signifier les règles et le rôle de leur confrérie. Ils se nommaient, entre autres, Antoine Gavon, François Junillon, Jean Vachier, Jean Chagriot, Jean Bonnet, Joseph Argoud, Pierre Boulhane, François Blachon, Louis Rivière, Jean Bouvais, Jacques Belle, Antoine Buthevin et Jean Veilheu.

En premier lieu, ils exposèrent que de temps immémoriaux, les cordonniers de la ville ont été en confrérie sous la bannière de saint Crépin et saint Crépinien et que cette confrérie a été approuvée par le roi en diverses taxes et impositions que les confrères ont payées.

La confrérie soutenait les dépenses à chaque fête de saint Crépin et Crépinien, soit pour le service divin le jour de la fête, soit pour le service pour les confrères décédés célébré annuellement le lendemain de la dite fête. Elle portait aussi les cierges et les écussons toutes les fois que l’on portait le Saint-Sacrement à des malades, et assistaient les confrères qui tombaient dans l’indigence.

Puis, ils s’exprimèrent sur ce qu’il conviendrait de pratiquer pour le maintien du bon ordre de la confrérie.

Ainsi, les maîtres cordonniers qui satisfont au droit d’avoir boutique ouverte seront désormais tenus de se faire inscrire au greffe de Monsieur le lieutenant général de police, de même que les veuves de maîtres cordonniers.

Au sortir du service divin du lendemain de chaque fête de saint Crépin et Crépinien, on procédera à la nomination de deux prieurs dont l’un sera chargé de la boîte et des recettes, et l’autre sera chargé du livre. Tout ce qui sera exigé et dépensé pour la confrérie sera écrit sur le dit livre sans laisser aucun blanc. Les prieurs seront tenus de présenter la boîte et le livre toutes les fois qu’ils en seront requis par trois maîtres cordonniers.

Les quittances des taxes payées au roi seront mises dans un petit coffre qui sera acheté par les prieurs à qui il sera remis deux serrures. Une clé sera gardée par le prieur chargé de la boîte et l’autre, au prieur chargé du livre. Le petit coffre sera déposé dans la maison d’un des confrères et il est immédiatement délibéré que ce sera dans la maison d’Antoine Garon.

Les veuves des maîtres cordonniers continueront, si bon leur semble, à tenir boutique ouverte en faisant travailler des compagnons sans pourvoir prendre des apprentis.

Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – FF 67, Registre de police, 1525-1779 – Illustration : Le martyr de Saint Crépin et Saint Crépinien, Aert van den Bossche, 1490.

Publié dans: 18è siècle, Vie et Métiers

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