Jean-Yves Baxter Lire →

Objets d’archives – L’écharpe du maire Jean Pierre Jules Rivoire

Jean Pierre Jules Rivoire est né le 9 juin 1823 à Romans, de Jean Pierre Rivoire, chapelier, et Victoire Lorne. Le 22 juillet 1851, à Saint-Marcellin (Isère), il épouse Madeleine Bénédicte Stéphanie Bontoux, native de cette ville et fille de négociant. Il est alors avocat près le tribunal de commerce de Romans. Conseiller général, il est nommé maire de Romans, le 18 février 1878, par décret du maréchal Mac-Mahon, président de la République.

L’événement majeur de son mandat est la venue, à Romans, le 18 septembre 1878, de Léon Gambetta, ancien Ministre de l’Intérieur, chef de l’opposition républicaine et futur Président du Conseil. Léon Gambetta arrive en gare de Romans à 10 heures 50. Sur l’avenue qui va de la gare au centre ville, des poteaux sont garnis de buis et surmontés de drapeaux, toutes les maisons sont pavoisées, les habitants des campagnes sont venus en habits de fête. De dix pas en dix pas, des groupes de petites filles viennent présenter des bouquets, les fleurs pleuvent de toutes les fenêtres, les femmes sont les plus ardentes à témoigner leur joie. C’est au milieu de cette allégresse que Léon Gambetta est conduit jusqu’à l’hôtel Nagely où il descend. Sur la place d’Armes (aujourd’hui place Jean Jaurès), une vaste salle couverte en planches pouvant contenir près de 12 000 personnes a été construite. La superficie qu’elle occupe ne mesure pas moins de 3 600 m2 et depuis huit jours, tous les charpentiers de Romans et tous ceux qui, dans la ville, savent planter un clou ont été mis à contribution pour arriver à terminer cette gigantesque construction. Le soir, un concert est donné sur la promenade des Cordeliers (aujourd’hui place Jules Nadi) accompagné d’illuminations du plus bel effet. Le lendemain, à trois heures de l’après-midi, Léon Gambetta prononce son discours qu’il ponctue de son célèbre : “Le cléricalisme, voilà l’ennemi !” reprenant le “Ce qui est redoutable, c’est le parti clérical, voilà l’ennemi !” prononcé deux ans plus tôt par le journaliste et député Alphonse Peyrat. Léon Gambetta quitte Romans le vendredi 20 septembre, par le train de 6h30 se dirigeant vers Grenoble, accompagné à la gare par Jean Pierre Jules Rivoire.

En 1879, Jean Pierre Jules Rivoire se présente sans succès aux élections législatives puis perd sa place de maire en 1881 au profit de Joseph Savoye. Il meurt à Chevrières (Isère), le 10 mai 1899.

En 2006, ses héritiers ont vendu à la Ville de Romans des documents et objets lui ayant appartenu, parmi lesquels son écharpe de maire qui est aujourd’hui conservée aux Archives de Romans.

L’info en +

La plaque commémorative du discours de Léon Gambetta aujourd’hui apposée sur la façade du cinéma Planète, place Jean Jaurès, était, à l’origine, apposée une cinquantaine de mètres plus loin. Léon Gambetta meurt le 31 décembre 1882 et quelques semaines plus tard, le Conseil municipal de Romans expose qu’il a obtenu de M. Eisenreich l’autorisation de laisser placer une plaque commémorative sur la façade du bâtiment qu’il a fait construire sur l’emplacement où fut prononcé son discours. En 1954, cet immeuble qui abritait en dernier lieu l’usine de chaussures Boucharin est démoli pour faire place à une copropriété nommée “Le Vercors” et il est prévu que la plaque commémorative soit replacée sur la façade toute neuve. En fait, l’entreprise de travaux publics Valette et Mommée conservera cette plaque dans ses entrepôts durant une dizaine d’années puis proposera à la Ville de Romans de les exposer à nouveau au public. Ce qui fut fait sur la façade du cinéma, à une cinquantaine de mètres de son emplacement d’origine.

Publier un commentaire