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En ouvrant les portes de l’hôtel d’Ambézieux

Dans la rue Pêcherie, à l’angle de la rue d’Ambézieux, se trouve un hôtel particulier à l’histoire ancienne et renfermant quelques trésors patrimoniaux.

C’est seulement à partir de 1821 que la rue porte le nom d’Ambézieux sur les plans de la ville de Romans. Auparavant, elle était dénommée « rue descendant de la rue de la Roue ou des Faures à celle de la Pêcherie » en 1726 puis « rue descendant de celle de la Roue à celle de la Pêcherie » en 1770. Nous connaissons aujourd’hui la « rue de la Roue » sous le nom de « rue du Fuseau ».

Dans une pièce, au-dessus d’une belle cheminée, nous pouvons voir un grand médaillon de 80 centimètres de diamètre et la mémoire des lieux veut qu’il s’agisse du portrait de Charlotte de Paris.

A la fin du XVIIe siècle, Charles de Lionne, sacristain de Saint-Barnard, était propriétaire de la demeure et dans le codicille à son testament daté du 8 juillet 1701, nous pouvons lire : « Je donne et lègue aux enfants nés ou à naître de sieur Joseph Delacour, avocat au parlement, et de demoiselle Charlotte de Paris, sa femme, la maison où habitent présentement lesdits sieur et demoiselle Delacour, avec le petit jardin qui en dépend, desquelles choses léguées je prohibe les fruits audit sieur Delacour père, voulant néanmoins qu’ils soient employés à l’entretien et éducation desdits enfants, conjointement avec leur père et mère. »

Joseph Delacour et Charlotte de Paris, qui s’étaient mariés le 14 octobre 1689, vivaient alors déjà dans cette maison et en ont hérité de Charles de Lionne.

Charlotte de Paris est morte le 26 février 1752 et a été inhumée dans l’église du couvent des Cordelier, dans le tombeau familial qui était entre la chapelle de Saint-Louis et le maître autel du côté de l’évangile.

Le 20 mars 1752, ses filles, Catherine et Jeanne Delacour, déposent devant le juge royal de Romans pour refuser l’héritage de leur mère et déclarer que celle-ci « est décédée sans qu’elles soient informées. » Malheureusement, elles n’expliquent pas leurs motivations profondes. Leur mère avait-elle trop de dettes ?

En faisant des recherches dans la matrice cadastrale des propriétés foncières conservée aux archives municipales de Romans, il est possible de reconstituer la liste des propriétaires de l’hôtel d’Ambézieux depuis le milieu du XIXe siècle : d’une date inconnue à 1841, Marie Marguerite et Jeanne Gabrielle Bochard, de 1841 à 1873, Henry Desayes fils, receveur municipal, de 1873 à 1878, Jean Turc, cordonnier puis Alexandre Turc, tanneur, de 1878 à 1882, François Cotte, de 1882 à une date inconnue, Antoine Mezonnier, puis jusqu’en 1894, Henri et Rosalie Galland, enfin de 1894 à une date inconnue, Julie Guillermont veuve Louis Blache. Ensuite, nous savons que Romain Ogier a acheté cette demeure vers 1920, que Daniel Ogier en a été le propriétaire par succession jusqu’en 2005, puis que Samuel et Caroline Barbosa en ont fait l’acquisition et l’ont magnifiquement restaurée.

L’info en +

Le nom de la rue d’Ambézieux rend mémoire à un autre membre de la famille, Charles-Claude Delacour d’Ambézieux. Né le 11 mai 1730, ses sentiments patriotiques le firent nommer député du tiers aux États de la province en 1788, puis aux États généraux en 1789. Suivant l’usage observé depuis le commencement de la Révolution française, les Romanais se rendaient, au son de la cloche, dans l’église des Cordeliers, devenue propriété nationale, pour écouter la lecture des bulletins de l’Assemblée nationale. C’est dans ce contexte que le 30 décembre 1789, sur la proposition du capitaine de la Garde nationale, il fut décidé de porter en triomphe les portraits des députés romanais Charles-Claude Delacour d’Ambézieux et Claude-Pierre Dedelay d’Agier. Nommé, après la session des États généraux, président du tribunal du district de Romans, il se retira dans cette ville et y mourut, le 22 septembre 1792, sans avoir été marié, et fut inhumé le lendemain dans le cimetière de Sainte-Foy, à l’emplacement de l’actuelle place Ernest Gailly.

Cet article de Romans Historique est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2021/08/14/en-ouvrant-les-portes-de-l-hotel-d-ambezieux

2 Comments on "En ouvrant les portes de l’hôtel d’Ambézieux"

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  1. Jean-Yves Baxter dit :

    Bonjour,

    Etymologiquement, ça viendrait de l’ancien français charbaut signifiant chènevière = champ de chanvre.

    Ca fait un moment que je ne suis pas monté là-haut. J’espère que tout le monde va bien.

    Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année !

    Amitiés, JYves

  2. Denis Beylier dit :

    Bonjour
    Il existe au nord de Romans un petit quartier appelé “CHARBESSE”, comprenant juste quelques maisons, pour la plupart d’anciennes fermes.
    Des amis qui y habitent nous ont demandé si on pouvait trouver l’origine de ce nom, en cherchant sur place ils n’ont rien trouvé.
    Avez-vous une lumière là-dessus ? Pas question de faire une recherche approfondie, je me permets de vous demander si vous avez déjà été amené à voir ce mot…
    Merci beaucoup par avance…
    … et NOUS VOUS SOUHAITONS DE PASSER DE BONNES FETES !!!

    Denis et Monique Beylier

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