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Objets d’archives – Pose de la première pierre de la Cité Jules Nadi

Le concept de la cité-jardin est né en Angleterre à la fin du XIXe siècle. En France, selon le Service de l’Inventaire général du patrimoine, une cité-jardin est “un lotissement concerté où les habitations et la voirie s’intègrent aux espaces verts publics ou privés, et destiné généralement à un usage social.”

À Romans, la création d’une cité-jardin dans le quartier de la Pomaresse est initiée par Jules Nadi, alors maire de la ville, et s’inscrit dans un vaste plan d’aménagement urbain. La pose de la première pierre a lieu le 11 octobre 1925 en présence d’Antoine Durafour, ministre du ravail, de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales, et du maire, Jules Nadi. À notre connaissance, il n’existe pas de compte-rendu de cet événement mais il n’est pas possible de douter de la provenance de ces outils conservées par les Archives communales de Romans. En effet, la gamate (auge de maçon), la truelle, le pic et le marteau portent tous une inscription commémorative gravée : “La première pierre de la cité-jardin de Romans a été posée aujourd’hui 11 octobre 1925 par M. Durafour, ministre du Travail, sous l’administration de M. Nadi, député et conseiller général de la Drôme, maire de Romans-sur-Isère”.

Les travaux réalisés par plusieurs entreprises romanaises (Baïetto, Molinari, Payen, Zumaglini, …) durent trois ans et l’inauguration a lieu le 28 octobre 1928 en présence de Louis Loucheur, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, de Jules Nadi, maire de Romans. Le lendemain, le journal Le Petit Dauphinois relate les faits : “Avec un malicieux sourire, Louis Loucheur déclare que M. Nadi a toujours un grand chapeau, largement ouvert, pour recevoir les subventions ministérielles mais que ces subventions servent à des réalisations effectives. Il déclare que Romans pourra montrer aux étrangers le plus bel exemple de cité-jardin dont la municipalité peut être fière. Il déclare qu’après la guerre, le gouvernement a fait le maximum d’efforts pour la reconstruction et que ce qu’il veut maintenant, c’est la construction pour le bien-être des travailleurs et des ouvriers. Il faut que dans chaque département, chaque ville ou chaque bourg, il y ait des personnes de bonne volonté, hommes et dames, pour créer des oeuvres sociales telles qu’elles sont réalisées à Romans.”

Située à l’écart du centre-ville, la cité Jules Nadi accueille alors nombre d’habitants des quartiers insalubres de la ville : Saint-Nicolas, la Pavigne et la Presle.

Jules Nadi meurt à Paris, neuf jours après l’inauguration de “sa” cité-jardin, le 9 novembre 1928, alors qu’il s’y trouve pour la rentrée de la Chambre des députés. Son corps est transporté à Romans et déposé dans un catafalque, dans la salle d’honneur de la mairie transformée en chapelle ardente. Le 12 novembre 1928, il est enterré dans un mausolée à concession gratuite perpétuelle, à l’entrée du cimetière municipal. La foule est si dense que toutes les allées sont pleines et quinze orateurs se succèdent pour prononcer des discours.

L’info en +

Camille Victor Pomaret est né le 19 mai 1872 à Valence, de Camille Ulysse Pomaret, conducteur des Ponts et Chaussées, et Marie Cécile Agnès Alex. Dès l’âge de seize ans, il entre dans l’administration, à la recette municipale de Valence, puis, après son service militaire, il est nommé chef de l’octroi (taxe sur les marchandises) à Romans. En 1897, il dirige la revue mensuelle de littérature et d’art “L’OEuvre” dans laquelle, avec d’autres auteurs, il publie ses propres textes et des critiques sous le nom de Jules Nadi, qu’il créé en inversant les syllabes du deuxième prénom de sa femme, Julie Dina Garnier, institutrice à Tournon. Il est élu député de la Drôme en 1914, puis maire de Romans en 1919, sur une liste de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), qui deviendra plus tard le Parti socialiste français. Réélu maire de Romans en 1925 et député de la Drôme en 1928, il meurt à Paris le 7 novembre de cette même année.

Publié dans: 20è siècle, Patrimoine

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