Des inscriptions funéraires du XIIIè siècle dans l’église Saint-Barnard
Dans l’église (ou collégiale) Saint-Barnard de Romans-sur-Isère se trouvent des inscriptions funéraires, l’une datée du XIIIè siècle, les autres non datées mais très certainement de la même période.
Aujourd’hui, ces inscriptions sont très abîmées mais en 1812, Jean-Baptiste Dochier, historien et ancien maire de Romans, avait publié la transcription de deux d’entre elles dans un ouvrage intitulé “Mémoires sur la ville de Romans”.
Ces deux premières inscriptions funéraires sont dédiées à deux généreux donateurs de l’église, Martin Saunier et Jeanne épouse de Pierre d’Artemonai.
Première inscription :
Jean-Baptiste Dochier nous donne la transcription latine de cette inscription :
IIII : IDUS : IUNI : O’ : MAR
TIN’ : SAVNERII : LAICUS
Q : DEDT : CV : ECCLE : XXX :
LBS : VT : L : PANIS : ET : VI
NI : FIAT : SINGULIS : ANI
S : COVENTVI : DIE : OBITS
S : A : MCCXXXIX
“Quarto idus junii, obiit Martinus Saunerius laïcus, qui dedit vicinae ecclesiae trigenta libras, ut libra panis et vini fiat singulis annis conventui, die obitûs, anno 1239.”
“Le quatre des ides de juin, est mort Martin Saunier, laïc, qui a donné à l’église voisine trente livres, pour que soit offerte chaque année une livre de pain et du vin au couvent, au jour de sa mort, année 1239.”
Le mot “couvent” est à prendre ici au sens classique de “réunion”, “assemblée”.
Deuxième inscription :
Jean-Batiste Dochier nous donne la transcription et la version latines de cette inscription :
VI : IDVS : FEBROA
RII : OBIIT : IOHANN
A : VXOR : PETRI : D
E : ARTEMONAI : QVE
DEDIT : ECCLESIAE
SANCTI : BARNARDI : X
XX : LIBRAS : PRO : LIB
RA : PANIS : ET : VINI
“Sextus idus februarii, obiit Johanna, uxor Petri de Artemonai, que dedit ecclesiae Sancti Barnardi trigenta libras pro libra panis et vini.”
“Le six des ides de février, mourut Jeanne, épouse de Pierre d’Artemonai, qui donna à l’église de Saint-Barnard trente livres pour une livre de pain et du vin.”
Troisième inscription :
La troisième inscription, moins connue, n’est pas documentée et est très parcellaire mais il est néanmoins possible d’en faire une transcription et de comprendre sa signification :
HAC : IACET [incomplet]
GEMMVEA [incomplet]
NOMINE : G [incomplet]
CAELEBS : A [incomplet]
SOBRIUS : A [incomplet]
UT : PLACEA [incomplet]
USUS : SICMVN [incomplet]
PRO : OVO : QUI : M [incomplet]
HVN : GRACE : PO [incomplet]
EXEMPLU : FID [incomplet]
LUSTRO : QUEM [incomplet]
GRISOGONI : FES [incomplet]
DIC : D : S : EX : IRIS [incomplet]
EX : PIET : EMAE [incomplet]
Les premiers mots étant “hac iacet”, soit “ci-gît”, nous sommes certain qu’il s’agit d’une inscription funéraire.
Nous trouvons ensuite “nomine G[incomplet]”, soit “du nom de G[incomplet]” et, plus bas, très certainement le nom de cette personne “Grisogoni”.
Cette personne est dite “caelebs”, c’est-à-dire “célibataire”.
Comme il manque une grande partie de la pierre, il est difficile de contextualiser certains termes. Ainsi, “sobrius” est-il utilisé dans le sens de “sobre, réservé” ou dans celui de “cousin germain” (“sobri[n]us”) ?
Les inscriptions funéraires de trois romanais, exemples de foi des temps anciens en l’église Saint-Barnard, ont donc été préservées du temps et nous pouvons encore les voir aujourd’hui.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – Mémoires sur la ville de Romans, Jean-Baptiste Dochier, Montal, Valence, 1812.
Cet article de Romans Historique est paru dans le Dauphiné Libéré : www.ledauphine.com/drome/2014/10/31/une-inscription-funeraire-dans-saint-barnard.