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Exceptionnel ensemble d’archives de Lally-Tollendal en vente chez Le Brech & Associés, Paris, le 18 décembre 2012

Exceptionnel ensemble d'archives de Lally-Tollendal en vente chez Le Brech & Associés, Paris, le 18 décembre 2012Le 18 décembre 2012, à 14 heures, la maison de ventes aux enchères parisienne Le Brech & Associés mettra en vente de nombreux lots d’archives de la succession Lally-Tollendal (voir le catalogue) parmi lesquels un “bel ensemble de lettres de Montesquieu et à lui adressées”, un “exceptionnel ensemble d’archives de Lally-Tollendal sur la guerre et la perte des Indes, sur la Compagnie des Indes et sur son procès”, “d’importantes archives historiques, politiques et littéraires de son fils Trophime-Gérard” et une “rare partition de jeunesse de Jules Massenet”.

Après s’être couvert de gloire sur les champs de bataille, Thomas Arthur de Lally, baron de Tollendal, dit de Lally-Tollendal, fut condamné pour trahison et fit encore parler de lui sur l’échafaud.

Il est né le 13 janvier 1702 à Romans-sur-Isère, de Girard de Lally, capitaine, sergent-major du régiment irlandais de Dillon au service du roi de France, et de Anne Marie de Bressac. Il a été baptisé le 15 janvier suivant en la paroisse Saint-Nicolas.

Le 18 avril 1701, en la paroisse Saint-Nicolas de Romans-sur-Isère où il était en quartier d’hiver, son père, né Gerald O’Mullally à Tuam dans le comté de Galway en Irlande, avait épousé Anne Marie Bressac, fille de Charles Jacques de Bressac, seigneur de La Vache et autres places, et de Marie Dulieu.

En 1732, Thomas Arthur de Lally-Tollendal est fait aide-major du régiment irlandais de Dillon qui se couvrit de gloire le 11 mai 1745, à la bataille de Fontenoy dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique actuelle) pendant la guerre de Succession d’Autriche. Louis XV le fit brigadier sur le champ de bataille.

Après la guerre de Succession d’Autriche, la puissance anglaise en Inde, tenue en échec jusqu’en 1754, se développe rapidement et menace de ruiner celle de la France. Lally-Tollendal est nommé commissaire du roi, syndic de la compagnie des Indes et commandant général de tous les établissements français aux Indes orientales et désigné pour commander la Marine royale. Sa flotte quitte la France le 2 mai 1757 et arrive en vue de Pondichéry près d’un an plus tard, le 29 avril 1758.

Cette expédition est un échec et Lally-Tollendal capitule le 14 janvier 1761 après s’être défendu avec 1 200 hommes mal traités, mal payés et mal nourris contre 15 000 anglais et indiens.

Fait prisonnier, il est conduit à Madras avant d’être emmené en Angleterre où il obtint sa liberté sur parole afin de se rendre à Paris pour se défendre contre les accusations de lâcheté, de trahison et de corruption formulées à son encontre.

Bouc émissaire de la défaite contre les Anglais, il est enfermé à la Bastille par lettre de cachet sans avoir le droit de se choisir un avocat. Il défend son honneur en publiant des mémoires.

C’est une partie des manuscrits originaux de ces mémoires qui seront vendus aux enchères.

Dans une lettre du 2 février 1761, alors qu’il est prisonnier des anglais, Lally-Tollendal écrit à la Compagnie des Indes pour décrire les terribles conditions du siège de Pondichéry : “Après un blocus de dix mois par terre et par mer, investis pendant quatre mois et demi par une armée de quatre mille cinq cens blancs et de dix mille noirs, canonnés et bombardés pendant quarante jours, réduits à cinq cent cinquante hommes en état de combattre, abandonnés totalement de notre flotte dont cinq vaissaux suffisaient depuis le mois d’octobre jusqu’au premier janvier pour nous sauver; l’officier et le soldat épuisés n’ayant eu pour toute nourriture pendant les deux derniers mois que quatre onces de riz par jour, des chiens, des chats et des rats: j’ai remis la ville de Pondichéry à l’ennemi le seize janvier dernier jour auquel il ne restait pas une livre de grain dans la ville hors celui que les Conseillers et quelques habitants principaux tenaient enfoui chez eux.”

En 1766, il écrit : “J’avais epuisé toutes les ressources imaginables pour conserver Pondichéry bloqué pendant neuf mois par 14 vaisseaux de ligne et 14 à 15 mille hommes de troupes de terre et cela dans l’attente d’une escadre qui n’est point arrivée. Il y avait 9 mois que les troupes n’étaient point payées et il ne restait dans les magasins le 24 décembre 1760 que de quoi nourrir le soldat pendant 7 jours à raison de 8 onces de riz par soldat exclusivement. J’étais alité depuis le 5 du mois et comdamné à subir une opération au foie. Dans cette extrémité, j’ai pris le parti d’écrire au Sieur de Landivisiau qu’il était temps de s’occuper de dresser des articles de capitulation.”

Le 3 mai de la même année, il est condamné à la décapitation et conduit en place de Grève.

Le condamné Lally-Tollendal, agenouillé, tête droite, reçoit un premier coup du bourreau Charles-Henri Sanson sur la nuque, qui le renverse en avant. Il faut plusieurs coups de sabre pour lui détacher la tête.

Cette exécution produit une grande indignation en France et en Europe. Voltaire prend sa défense et se mobilise avec son fils Trophime-Gérard de Lally-Tollendal pour obtenir sa réhabilitation.

Les parlements de Rouen et de Dijon ne rendront qu’un jugement partiellement favorable : le crime de haute trahison est écarté mais les autres chefs d’accusation sont maintenus et Lally-Tollendal ne sera jamais réhabilité.

Une place porte aujourd’hui son nom à Romans-sur-Isère, en face de la galerie Fanal et de la médiathèque Simone de Beauvoir.

Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – GG 13, Registres paroissiaux, Saint-Nicolas, 1694-1712 – Illustrations : Lally-Tollendal pendant le siège de Pondichéry par Paul Philipotteaux (1846-1923) ; Décapitation de Lally-Tollendal Charles-Henri Sanson, gravure issue de Histoire des conspirations et des exécutions par E. de Saint-Hilaire, 1849

Publié dans: Actualité locale

2 Comments on "Exceptionnel ensemble d’archives de Lally-Tollendal en vente chez Le Brech & Associés, Paris, le 18 décembre 2012"

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  1. Jean-Yves dit :

    Bonjour,

    Aucun problème de mon côté pour que vous utilisiez ces photos.

    Les photos des objets vendus viennent du catalogue de la maison de ventes aux enchères Le Brech & Associés : http://www.lebrech-associes.com/flash/index.jsp?id=13723&idCp=115&lng=fr

    Si vous souhaitez utiliser ces photos pour un usage commercial, je vous conseille de leur demander l’autorisation.

    Cordialement,
    Jean-Yves

  2. Sumitra MUTHUKUMAR dit :

    Bonjour,
    Serait-il possible p[our moi d’utiliser les photos publiées sur votre site? Je suis doctorante à l’Université de Madras et je traville sur le Comte de Lally
    cordialment
    Sumitra

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