Exceptionnelles inscriptions funéraires du XIIIè siècle !
Après avoir récemment étudié trois inscriptions funéraires du XIIIè siècle se trouvant dans l’église Saint-Barnard, voici maintenant d’autres inscriptions funéraires du même siècle, tout à fait exceptionnelles et conservées par la Ville de Romans-sur-Isère !
A ce jour, ce sont les plus anciennes inscriptions funéraires romanaises connues qui soient parvenues jusqu’à nous.
Faisant partie du patrimoine de tous les romanais, elles sont montrées et étudiées ici pour la première fois, avec mes sincères remerciements à la Direction du Patrimoine de la Ville de Romans-sur-Isère.
Première inscription (photos 1 et 2, ci-dessous)
La première inscription comporte deux épitaphes, l’une consacrée à un certain Eldinus, mort en l’an 1207, aux nones de février, c’est-à-dire le 5 février, dans le calendrier romain, et qui a donné 55 livres (monnaie) à l’église Saint-Barnard de Romans pour le repos de son âme et pour qu’au jour anniversaire de sa mort, les bénéfices soient employés au profit des clercs et des pauvres, et l’autre consacrée à une dénommée Ermengarde de Valence, morte en l’an 1211, aux calendes de mai, c’est-à-dire le 1er mai dans le calendrier romain, et qui a donné 50 livres à la même église et pour les mêmes voeux.
Inscription :
+ ANNO AB INCARNACIOE [D]O[MI]NI MCCVII
NONAS F[E]B[RUARII] OB[IIT] ELDIN Q[U]I DEDIT D[OM]O ET S[AN]C[T]O
BARNARDO L V LIB[RAS] VIENNENSI[S] I[N] P[ACE] A[N]I[M]A SUA
UT I[N] DIE ANNIV[ER]SARII EI[US] CLERICI[S] ET PAUP[ER]IB[US] BE
NEFICIA I[M]PENDANT[UR] + ANNO MCCXI XUS
II KALEND[ARUM] MAI[I] OB[IIT] ERMENGARDA VALENCIE
Q[UA]E DEDIT D[OM]O ET S[AN]C[T]O BARNARDO LIB[RAS]
VIENNENSIS I[N] P[ACE] A[N]I[M]A SUA UT DIE ANNIV[ER]SARII
ET CLERICI ET PAUP[ER]IB[US] BEN[E]FICIA I[M]PENDANT[UR]
Soit :
L’année 1207 de l’Incarnation du Seigneur, aux nones de février, est mort Eldinus, qui a donné à la maison [de religion] et à Saint-Barnard, 55 livres du Viennois, pour le repos de son âme, pour qu’au jour anniversaire de sa mort, en soient consacrés les bénéfices au profit des clercs et des pauvres.
L’année 1211 […], aux calendes de mai, est morte Ermengarde de Valence, qui a donné à la maison [de religion] et à Saint-Barnard, 50 livres du Viennois, pour le repos de son âme et pour qu’au jour anniversaire [de sa mort] soient employés les bénéfices, et aux clercs et aux pauvres.
Seconde inscription (photos 3 et 4, ci-dessous)
La seconde inscription est consacrée à un nommé Lantelme Gaspainnos (Gaspain?) dont on nous dit qu’il est mort au 7 des ides de juillet, mais sans préciser l’année. Il s’agissait d’un frère qui avait donné 5000 livres et une terre qu’il avait achetée 1000 sous pour que chaque année, au jour anniversaire de sa mort, un repas soit servi en présence de sept prêtres. Malheureusement, cette inscription n’est pas datée et elle ne dit pas de quelle maison il s’agit. Mais on peut supposer qu’elle date de la même période que la première et que celles dont j’ai déjà parlé, et qu’elle provienne de l’église Saint-Barnard. On pourrait aussi supposer qu’elle provienne du couvent des Cordeliers qui était le plus ancien de Romans, puisque fondé en 1252, et qui se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle place Jules Nadi mais dans ce cas, elle serait plus tardive.
Inscription :
VII ID[] JULII O[BIIT] LANTELM[US]
GASPAINNOS FR[ATER] H[UIUS] DOM[US]
Q[U]I DEDIT EI V M [] D[] SOL[IDOS] DE
DIT [] TERRA[M] Q[U]AM EMIT M
SOL[IDOS] VT SINGUL[IS] ANNIS
GEN[ER]AL[IS] REFECTIO FIAT [CON]
VENTUI DIE O[BITUS] SUI UBI DEBENT
[CON]VOCARI VII SACERDOTES
Soit :
Au 7 des ides de Juillet, est mort Lantelme Gaspainnos, frère de cette maison [de religion], qui lui a donné (à cette maison) 5000 et 10 (?) sous, et a donné une terre qu’il a achetée 1000 sous, pour que chaque année soit fait au couvent (assemblée) un repas général au jour [anniversaire] de sa mort, où doivent être réunis (ou invités ou appelés) sept prêtres.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère – Les transcriptions et versions latines ont été effectuées, avec mes sincères remerciements, par un latiniste romanais reconnu qui souhaite garder l’anonymat.