Un ex-libris de la bibliothèque d’Ulysse Chevalier
L’objet que nous présentons aujourd’hui est un ouvrage en latin publié en 1736 avec un ex-libris d’Ulysse Chevalier. Un ex-libris est une inscription, manuscrite ou sous forme de gravure, figurant à l’intérieur d’un livre et par laquelle le propriétaire marque nommément sa possession.
D’emblée, nous pouvons dire que sans Ulysse Chevalier père et fils, nous ne saurions pas grand chose de l’histoire de la ville de Romans depuis ses origines. Érudits locaux, infatigables chercheurs, lecteurs et compilateurs d’archives, ils ont publié une grande quantité de livres et de notices sur l’histoire de notre cité, défrichant ainsi considérablement le terrain pour leurs suiveurs.
Le père, Jean André Ulysse Chevalier, né à Romans en 1804 et mort dans la même ville en 1893, était médecin militaire. Le fils, Cyr Joseph Ulysse Chevalier, né à Rambouillet en 1841 et mort à Romans en 1923, était prêtre catholique et chanoine de Saint-Barnard. Il vivait dans une grande demeure de la rue des Clercs qui abrite aujourd’hui les archives communales de Romans.
L’ouvrage que nous présentons provient-il de la bibliothèque d’Ulysse Chevalier fils ou en a-t’il hérité de celle de son père ? Nous ne le savons malheureusement pas mais cet ex-libris est le seul connu à ce jour.
La rue des gens d’Église
Comme son nom l’indique, la rue des Clercs était anciennement habitée par des gens d’Église et plusieurs maisons appartenaient à l’administration du chapitre de Saint-Barnard. Malgré qu’elle ait été longtemps sombre et humide, de nombreuses personnalités romanaises y ont fait construire des habitations d’importance.
Un duel à la porte de Jacquemart
Un romanais au destin tragique a habité la demeure d’Ulysse Chevalier : Jacques-François Reymond-Merlin du Cheylas, conseiller au Parlement de Grenoble, homme riche et respecté mais d’humeur colérique. Le 18 juillet 1769, il tua en duel un autre romanais, Jacques-Thomas-Lambert Suel-Béguin, capitaine dans la légion de Flandre.
Voici l’histoire. Suite à une enième altercation, ils se donnent rendez-vous pour un duel à l’épée, à quatre heures du matin, près des remparts, hors de la porte de Jacquemart. Suel-Béguin porte un coup qui déséquilibre du Cheylas sans le percer. Ce dernier riposte mais son épée casse sur le plastron de son adversaire qui résiste au choc. Voyant qu’il avait à faire à un malhonnête homme, du Cheylas crie à l’assassin et poursuit Suel-Béguin qui recule et trébuche sur une pierre. Du Cheylas, furieux, se jette sur lui, lui met les genoux sur le ventre, et lui donne onze coups d’épée dont neuf mortels. Après cela, du Cheylas prend immédiatement la fuite et se réfugie en Savoie. Bientôt tout Romans est informé de cet assassinat et court voir le cadavre. Après une simple procédure, du Cheylas est condamné par contumace à faire amende honorable, tête nue, en chemise, devant la principale porte de Saint-Barnard, et à être conduit de là sur la place pour y avoir les bras, cuisses et reins rompus vifs sur un échafaud et expirer sur la roue. Le 18 septembre 1769, il est exécuté par effigie sur la place publique de Romans.
Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/11/23/un-ex-libris-de-la-bibliotheque-d-ulysse-chevalier