12 avril 1814 : L’allégresse après l’éxil de Napoléon Bonaparte
Le 11 avril 1814, Napoléon Bonaparte abdique sans condition.
Il renonce pour lui, ses successeurs et descendants, ainsi que pour chacun des membres de sa famille, à tout droit de souveraineté et de domination sur l’empire français, et accepte de résider sur l’île d’Elbe.
Ce même jour, “pénétré d’admiration et de reconnaissance”, le Conseil municipal de Romans-sur-Isère charge M. Lambert de rédiger une “adresse de coeur et d’âme” au Gouvernement Provisoire.
Le 12 avril 1814, le Conseil municipal adopte à l’unanimité l’adresse rédigée par M. Lambert :
“A nos Seigneurs les membres composant le Gouvernement Provisoire,
La Ville de Romans,
Nos Seigneurs,
Dernière cité conquise, ou plutôt affranchie par les puissances alliées, Romans est la barrière où les fléaux de la guerre se sont enfin arrêtés. Dernière victime du despotisme, elle bénit les libérateurs ; elle se jette dans les bras des pères de la Patrie et, au milieu de l’allégresse publique, cache dans votre sein paternel les larmes amères qu’elle réprime encore mais que votre main bienfaisante va bientôt essuyer.
Au cri de la douleur succède succède l’espoir d’un heureux avenir : vous venez de sauver la France et notre plus douce consolation est d’adhérer aux mesures salutaires qui vont réparer tant de maux, cicatriser tant de blessures, effacer tant de souvenirs déchirants.
Dans notre malheur, il reste du moins à notre ville quelque titre à votre bienveillance, le plus beau sans doute, c’est son antique attachement à ses princes légitimes.
Elle conserve encore dans le coeur de ses habitants les monuments qu’on a arrachés de ses archives, ces témoignages glorieux de la satisfaction de ses anciens souverains, elle fut la première à reconnaitre Henri IV et la lettre de ce bon roi est le gage certain de l’amour, de la fidélité que nous jurons au successeur que vous venez de lui donner.”
Les nouvelles du rétablissement de la famille des Bourbons sur le trône de France “ont été accueillies avec enthousiasme par la totalité du Conseil municipal aux cris de Vive le Roi, Vive Louis XVIII !”
“Aussitôt, la cocarde blanche a été arborée et le drapeau blanc placé à l’Hôtel de la Mairie.”
Le Conseil propose de proclamer sur le champ ces heureuses nouvelles mais un de ses membres dit que, quoi qu’il partage l’enthousiasme de l’assemblée, il croit prudent de suspendre cette proclamation jusqu’à l’arrivée des communications officielles du Gouverneur provisoire.
Le Conseil municipal “apprécie mais ne croit point devoir suivre les conseils de la prudence” et il est décidé que la proclamation aura lieu à l’instant.
Le Conseil municipal, escorté par la Garde urbaine, précédé par la musique Bourgeoise jointe à celle du régiment Autrichien en faction dans la ville, et suivi de toute la population de Romans-sur-Isère, a donc fait cette proclamation “à huit heures du soir, à la lueur des flambeaux, aux cris unanimes des habitants qui ont fait éclater par leurs transports, par le son de toutes les cloches et par une illumination générale, leur joie, leur allégresse et leur amour pour leurs princes légitimes.”
Napoléon Bonaparte reviendra au pouvoir le 20 mars 1815. Ce sera le début de la période dite des “Cent-Jours”. Après la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815, il se rendra aux Anglais et sera déporté et emprisonné sur l’île Sainte-Hélène où il mourra le 5 mai 1821.
Sources : Archives municipales de Romans-sur-Isère, 1 D 8 – Délibérations municipales, 1811-1817