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La maison des Chauffeurs de la Drôme, rue Pêcherie

La maison des Chauffeurs de la Drôme, rue PêcherieLe repaire de la bande d’assassins appelée Les Chauffeurs de la Drôme était situé au 26 rue Pêcherie, à Romans-sur-Isère. Cette maison avait l’avantage d’offrir plusieurs issues à l’arrière, côte du Crotton, en passant au premier étage par un escalier intérieur en bois.

Entre 1905 et 1908, les Chauffeurs de la Drôme, ainsi nommés parce qu’ils brûlaient les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer l’emplacement de leurs économies, ont commis au moins onze assassinats, une tentative de meurtre sur un prêtre et sa servante et huit cambriolages et aggressions. Le nombre de leurs crimes fut sans doute plus élevé mais la justice ne les retint pas tous, faute de preuves et d’aveux.

A Romans-sur-Isère, ils n’ont pas commis d’assassinat mais ils seront accusés d’une tentative de cambriolage à l’Hôpital, d’un vol au préjudice de M. Rapian, comptable à l’Hôpital, d’une tentative de cambriolage chez M. Crozel, droguiste, et d’un cambriolage chez Madame Claveyson.

Parmi leurs crimes les plus abominables, citons le meurtre de Maria Juge, une vieille demoiselle qui vivait toute seule dans une petite ferme à Mondy, près de Bourg-de-Péage, tuée à coup de bille de bois ; l’assassinat de M. Dorier, propriétaire, et de sa fille Noémie, à Alixan, pour quelques bijoux ; l’assassinat de deux octogénaires, le frère et la soeur Tortel, à Bourg-de-Péage, dont les cadavres seront arrosés de pétrole et brûlés.

La bande était constituée de Octave Louis David, Pierre Auguste Louis Berruyer, Urban Célestin Liotard et Jean Lamarque.

David, chef de la bande, est né le 14 mars 1873, dernier d’une famille de treize enfants. A l’âge de dix ans, ses parents étant morts, il est arrêté plusieurs fois pour vagabondage puis emprisonné jusqu’à l’âge de dix-huit ans. A sa sortie de prison, il se fait cambrioleur avant de s’engager dans l’armée pendant neuf ans pour échapper à la police. En 1902, il est emprisonné pour vol, à Clairvaux, où il fait la connaissance d’un romanais et il décide de s’installer dans cette ville dès sa sortie. Là, il se lie avec Madeleine Martel qu’il épousera et travaille un temps comme ouvrier cordonnier.

Mais ses vieux démons le reprennent et il “monte” une bande avec un ancien compagnon de détention, Jean Lamarque, qui était pensionnaire chez Berruyer, au 26 rue Pêcherie. Cette maison, aussi habitée par Liotard, ne tarda pas à devenir le repaire de la bande.

Berruyer naît le 25 août 1873, à Margès, dans une famille pauvre vivant dans une chaumière au milieu des bois d’une châtelaine, Mme Monier de la Sizeranne. Après avoir exercé plusieurs métiers – valet de ferme en Isère, cloueur en chaussures à Saint-Donat, etc. – il vient s’installer rue Pêcherie, à Romans-sur-Isère, où il travaille de temps en temps dans les fabriques de chaussures de la ville.

Il rencontre Liotard et l’invite à partager son logis. Celui-ci est né le 8 mars 1863, à Piégros-la-Clastre, dans une famille de paysans. Avant d’opérer avec la bande des Chauffeurs, il avait déjà commis deux meurtres et plusieurs vols.

Le 22 octobre 1908, Berruyer est arrêté à son domicile, rue Pêcherie et la perquisition permet la découverte de nombreux objets volés. Liotard et David sont pris peu après. Les voisins diront qu’ils n’avaient rien remarqué d’anormal dans l’allure de ces hommes.

Le procès débute devant la Cour d’Assises de Valence, le 2 juillet 1909, et une foule nombreuse et passionnée se pressera au tribunal pendant les huits jours d’audience.

David, Liotard et Berruyer sont condamnés à la peine de mort.

Le 22 septembre 1909, très tôt le matin, une foule dense et bruyante se trouve route de Chabeuil, devant la prison de Valence, où une guillotine a été dressée la veille. Les trois complices sont exécutés sous les vivats de la foule et enterrés au cimetière de la ville, en dehors du mur de clôture.

Les corps ne seront pas réclamés par leurs familles comme l’atteste, entre autre, la déclaration de l’épouse de Berruyer : “Je soussignée, Bret Adrienne, épouse Berruyer, déclare que, n’ayant pas les moyens de supporter les frais d’inhumation de mon mari, après son exécution, j’abandonne le projet que j’avais formé d’entrer en possession de son corps. Adrienne Bret. Romans, 21 septembre 1909.”

Jean Lamarque, qui était parvenu à s’échapper lors de l’arrestation de ses complices, fut finalement pris deux ans plus tard et condamné aux travaux forcés à perpétuité, le 29 octobre 1910.

Sources : L’affaire des Chauffeurs de la Drôme : Documents inédits sur les hommes rouges, Jacques Bénevise et Emmanuel Dossat, Ed. La Bouquinerie, 2002 ; Heurs et malheurs du Dauphiné, Claude Muller, Ed. de Borée, 2000

Publié dans: 20è siècle, Patrimoine

8 Comments on "La maison des Chauffeurs de la Drôme, rue Pêcherie"

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  1. Lawrence Linehan dit :

    Votre compte dit: ‘Le 22 octobre 1908, Berruyer est arrêté à son domicile …’

    Comment a t’on decouvert la coupabilite de Berruyer et ses complices?

    (Pardonnez mes erreurs en Francais.)

  2. astier dit :

    je vais lire se livre car j ai sovent entendue parler de cette affaire des chauffeurs de la drome et j aime me renseigner sur se qui c est passer a romans et ses alentours

  3. Jean-Yves dit :

    Oui, Lily, c’est la même maison avec deux entrées, une en haut et une en bas.

  4. Lily dit :

    Bonjour,

    Ma famille étant ancienne propriétaire des lieux, je fais part à Bellier que l’immeuble rue Pecherie, et cote des crottons est le meme, il y a 2 entrées différentes c’est tout.
    Cordialement

  5. Jean-Yves dit :

    Bonjour,

    Je ne sais pas si leurs tombes sont toujours visibles et j’en doute car ils avaient été inhumé en dehors du cimetière.

    Pour en savoir plus sur Octave Louis David, je vous suggère de lire tous les ouvrages qui ont été publiés sur le sujet. Vous pouvez aussi faire une recherche sur Internet.

    Cordialement.

  6. selve richard dit :

    bjr

    2 questions , d’une part leurs tombes sont tjs visibles au cimetierre de valence ?

    d’autre part etant de tournon je cherche des renseignements sur octave louis david

  7. bellier dit :

    Merci pour ce rappel, mais il me semble qu’il y avait un des chenapants qui habitait une Maison Place des Crottons ?

  8. Shelli dit :

    jes suis en train de travailler sur cette affaire cette année et je trouve cette histoire horrible ! comment on peut faire sa sans meme avoir un seul remord !!

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