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L’inscription de la devise de la ville de Romans n’a pas disparu !

L'inscription de la devise de la ville de Romans n'a pas disparu !“Moribus antiquis stat res Romana virisque”, autrement dit “Romans se gouverne par ses bonnes coutumes et ses bons citoyens”, telle était la devise de notre ville.

Petit retour en arrière. En passant rue de l’Armillerie, à Romans-sur-Isère, vous pouvez remarquer, au n°25, les restes du porche de l’ancien hôtel de ville de Romans qui se trouvait à côté, en haut de la place Perrot de Verdun. Lorsqu’on a démoli les immeubles pour ouvrir la place à cet endroit, en 1895, on a gardé une partie du porche pour la reconstituer sur le bâtiment le plus proche. On voit encore, aujourd’hui, les numéros inscrits sur les blocs de pierre lors du démontage pour faciliter la reconstruction. Les romanais devaient cette maison commune à un riche marchand drapier, Perrot de Verdun, dont l’on peut admirer un magnifique portrait en pied dans le hall des archives municipales de Romans et qui avait fait don de trois maisons aux consuls de la ville. C’est ainsi qu’en 1374, l’hôtel de ville fut aménagé dans une de ces maisons et les premières assemblées s’y tinrent en 1382.

Il semblerait que la devise ait été apposée sur le fronton dès cette époque avec une volonté subversive à l’égard du chapitre de Saint-Barnard dont les romanais voulaient s’affranchir.

Au cours des siècles, l’hôtel de ville connu de nombreuses vicissitudes et tomba même en ruines le jour de Noël, en 1564, mais on le reconstruisit. Pendant les Guerres de religion, il servit de dépôt pour les objets de valeur des églises que l’on avait cachés pour les soustraire à la convoitise des pilleurs. En 1679, l’intendant Lambert d’Herbigny fit effacer la devise au prétexte qu’elle favorisait les règles d’un gouvernement populaire mais les romanais parvinrent bientôt à la faire rétablir.

A la Révolution française, nombre de monastères et couvents furent confisqués et, en 1791, il fut accordé à la ville de Romans d’acheter le couvent des Cordeliers, qui était sur l’actuelle place Jules Nadi, pour y établir le nouvel hôtel de ville. Le bâtiment devenu inutile fut vendu aux enchères publiques et acheté par un certain M. Galland. Il servit alors d’habitation particulière puis de salle de spectacles et enfin, de siège d’une brigade de gendarmerie jusqu’en 1895, date à laquelle il fut démoli pour ouvrir la place Perrot de Verdun.

On ne sait pas quand ni par qui l’inscription a été récupérée mais on peut supposer que cela s’est fait durant la période troublée de la Révolution française.

Les passants pourront aussi remarquer, sur le côté gauche du porche, une plaque en fer avec le numéro 772. Cette plaque est un vestige de la première numérotation des rues de Romans. En effet, jusqu’en 1821, aucune plaque ne désignait les rues et les maisons de toute la ville étaient marquées d’un numéro allant de 1 à environ 1 200.

Le nom latinisé de la ville de Romans était Romanis, ce qui permettait bien des accommodations. C’est ainsi que les romanais ont librement adapté un vers du poète latin Ennius (239 av. J.-C. – 169 av. J.-C) signifiant “L’État romain repose sur ses moeurs antiques et sur ses hommes” pour en faire leur devise.

Finalement, nous pouvons être reconnaissant à la personne qui s’est emparé de cette inscription il y a un peu plus de deux siècles et à toutes celles qui l’ont conservée depuis. Aujourd’hui, ce témoignage précieux de la longue histoire de notre ville existe toujours et est devenu, de fait, une propriété privée.

Cet article de Romans Historique est paru dans le Dauphiné Libéré : www.ledauphine.com/drome/2014/11/05/on-a-retrouve-la-devise-de-la-cite

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