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L’orphelinat Saint-Yves en 1949 [vidéo]

C’est un document d’archive inédit et exceptionnel que nous vous proposons avec ce film réalisé par Georges Ferrier (1925-2020) et numérisé par Jean-Yves Baxter, historien local et correspondant du Dauphiné Libéré.

L’école Notre-Dame des Champs occupe un vaste emplacement situé entre le cours Pierre Didier, la rue Jacquemart, la place Jacquemart et la rue Bonjour. C’est sur ce même emplacement que fut fondé l’hôpital de Sainte-Foy, au XIe siècle, soit avant la construction des premiers remparts de la ville. En 1810, cet hôpital fut réuni à celui de la Charité, dans le quartier de la Presle. En 1813, Edwige Duvivier fonde une école pour jeunes filles pauvres dans la maison dite du Refuge puis fonde la Congrégation des sœurs de Sainte Marthe et a l’autorisation d’installer son école dans une partie des bâtiments de l’ancien hôpital Sainte-Foy. Expulsée suite à la loi de séparation des Églises et de l’État, l’école Sainte-Marthe s’installe à Pizançon où elle prend le nom de Notre-Dame des Champs. Elle garda ce nom à son retour à Romans, en 1919, et encore aujourd’hui.

L’orphelinat Saint-Yves que nous voyons dans ce film était à l’emplacement de l’actuelle école du même nom, dans le quartier de l’Arnaud, et géré par les religieuses de Sainte-Marthe.

Il est toujours étonnant de constater comme la mémoire collective oublie vite. Dans la dernière partie du film, nous voyons les religieuses et les orphelines sur un coteau puis en prière au pied d’une grande statue de la Vierge. Il aura fallu parler avec de nombreuses personnes de la paroisse, d’anciennes pensionnaires de l’orphelinat et de religieuses de Saint-Yves pour finalement redécouvrir que cette statue existe toujours, dans une parcelle privée, sur les hauteurs de ce qui est aujourd’hui l’école Saint-Yves.

Le 15 mai 1949, Mère Marie-Anselme, Supérieure de l’orphelinat Saint-Yves, récemment nommée Chevalier de l’Ordre de la Santé publique, était honorée dans son établissement. Dans le film, nous voyons que les filles sont en robes d’été et nous pouvons donc conclure qu’il date de peu avant ou peu après cette grande fête. A l’issue de la messe pontificale, les évêques de Valence, Grenoble et Lausanne se sont rendus à l’orphelinat en présence de notabilités. Les filles avaient accueilli le préfet au chant de La Marseillaise. Il répondit en célébrant le mérite des religieuses qui se dévouaient avec abnégation et charité maternelle. Ce sont évidemment les trente années de dévouement de Mère Marie-Anselme dans cette maison qui étaient ainsi récompensées mais aussi un long passé chargé de mérites. Née en 1875, sœur Marie-Anselme Monteillet est entrée au noviciat de Sainte-Marthe de Romans en 1892. Après sa profession, elle est envoyée à Salernes (Var) pour s’occuper des petits enfants. Cette maison ayant fermé en 1902, elle revient à Romans et est nommée Supérieure de l’orphelinat en 1935.

Ce film historique est le troisième d’une série mensuelle que nous vous invitons à suivre.

Rendez-vous sur le site internet du Dauphiné Libéré pour visionner ce film.

Jean-Yves Baxter

L’info en +

Nicole Ferlay-Bacou se souvient

Née en 1941, Nicole Ferlay-Bacou était âgée de 8 ans et pensionnaire de l’orphelinat Saint-Yves en 1949. Elle y est restée jusqu’à l’âge de 11 ans. Malheureusement, 70 ans ont passé et elle ne se souvient pas des noms et des visages mais elle a encore de nombreuses anecdotes en mémoire. « C’était très strict et on devait prier de nombreuses fois par jour mais on était au propre. » Incontestablement, les filles sont toutes reconnaissantes à l’orphelinat de leur avoir donné un foyer aimant. « Quand une fille faisait pipi au lit, elle devait aller laver ses draps à la fontaine, été comme hiver et quel que soit le temps, puis les étendre sous les marronniers. Les grandes aidaient à la récolte des légumes et à la cuisine. Je ne me souvenais pas des chèvres qu’on voit dans le film mais on allait effectivement en haut pour jouer et prier sous la statue de la Vierge. » « N’empêche, elles avaient du courage et du mérite, ces dames ! », conclut-elle.

Pour voir le film, rendez-vous à l’adresse suivante : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2022/03/27/romans-sur-isere-l-orphelinat-saint-yves-par-georges-ferrier

Cet article de Romans Historique est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2022/03/26/les-filles-de-l-orphelinat-saint-yves-en-1949

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