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Jean Philippe Pierre Prud’homme : une lignée de planteurs de Louisiane

Soldat dans l’armée française, Jean Philippe Pierre Prud’homme était originaire de Romans où il est né en 1673. Il arriva en Louisiane au début du XVIIIe siècle et certaines sources semblent indiquer qu’il était capitaine d’un navire appelé “Le Maréchal d’Estrées” transportant cent soixante-quinze esclaves originaires du Sénégal. Abandonnant les armes, il se fit marchand.

En janvier 1721, un bateau français appelé “La Baleine” débarqua un groupe de quatre-vingt-huit jeunes orphelines élevées à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris. On les appelaient “Filles de la cassette” car elles étaient toutes pourvues d’un trousseau comprenant deux paires d’habits, deux jupes et jupons, six corsets, six chemises et six garnitures de tête. Parmi elles, Marie Catherine Messelier (ou Meslier) Picard, une jeune fille de quatorze ans, originaire de Paris.

Lors d’un voyage d’affaires à La Nouvelle-Orléans, Pierre rencontra Catherine qui était réputée être très jolie. Ils se marièrent, construisirent une maison dans la paroisse des Natchitoches et eurent huit enfants, parmi lesquels Jean Baptiste Prud’homme, né en 1735. Plusieurs des enfants de ce dernier fondèrent des plantations mais nous allons nous intéresser plus particulièrement à Jean Pierre Emmanuel Prud’homme, né en 1762.

Avec son épouse Catherine Lambre, ils vécut initialement dans une petite maison sur les bords du Cane River Lake. Il cultivait du tabac et de l’indigo qu’il vendait à la France pour teindre les uniformes de son armée. En 1797, il fonda la Oakland Plantation et réussit si rapidement dans la culture du coton que bientôt, d’autres habitants de la région fondèrent aussi des plantations. Le dur travail des esclaves fut, bien entendu, une des clés de ce succès.

La tribu des Natchitoches entretenait de bons rapports avec Emmanuel Prud’homme et comme il souffrait d’arthrite, ils lui parlèrent de sources aux propriétés thermales, aujourd’hui connues sous le nom de Hot Springs (“les sources chaudes”) dans l’Arkansas. En 1807, il fut l’un des premiers hommes blancs à visiter ces sources et il y construisit une cabane.

En 1822, lors d’un voyage qu’il firent à Paris pour acheter du mobilier pour leur nouvelle maison, Jean Pierre Emmanuel Prud’homme et Catherine Lambre, son épouse, firent peindre leur portrait (ci-contre). On le voit tenir du coton dans la main pour symboliser sa réussite dans la culture de cette plante.

Dix générations de la famille Prud’homme se succédèrent et cultivèrent du coton sur cette plantation.

La Oakland Plantation a été reconnue comme étant l’une des rares à avoir été gérée par la même famille pendant plus de deux cent ans. Elle est inscrite au National Register of Historic Places, l’équivalent de l’inscription aux Monuments historiques de France.

Je remercie Sandra Prud’homme Haynie, descendante de Jean Philippe Pierre Prud’homme et historienne de la plantation, pour son aide précieuse et ses documents d’archives familiales.

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : www.ledauphine.com/drome/2018/09/01/une-lignee-de-planteurs-de-louisiane

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