Les méreaux de Saint-Barnard
Au Xe siècle, les moines bénédictins quittent l’abbaye fondée deux siècles plus tôt par l’archevêque Barnard et sont remplacés par une assemblée ou chapitre ou collège de chanoines, d’où le nom de collégiale Saint-Barnard. La Révolution française supprima les chapitres collégiaux et il conviendrait aujourd’hui de dire : “l’église Saint-Barnard, ancienne collégiale”.
Les méreaux sont des pièces en métal d’abord employés dans le domaine ecclésiastique, à partir du XIIIe siècle, comme jetons de présence des chanoines aux offices. Ils sont recherchés par les collectionneurs appelés mérellophiles, et les inscriptions et illustrations qu’ils portent sont très instructifs pour l’histoire du lieu où ils étaient utilisés.
Les méreaux de Saint-Barnard sont très rares et ornés d’un monogramme ou de l’éffigie du saint patron de l’église. Le plus ancien daterait du milieu du XVe siècle. Ceux présentés sont datés de l’an 1547 et sont les seuls connus à ce jour. Quatre sont du chapitre de Saint-Barnard et le cinquième est de la chapelle Saint-Maurice dans la collégiale Saint-Barnard.
Méreaux du chapitre de Saint-Barnard
Les plus petits sont de la dimension d’une pièce de dix centimes d’euros, et les plus grands de la dimension d’une pièce de vingt centimes. Ils sont tous en bronze. Ils présentent, à l’avers (face avant), saint Barnard debout, coiffé d’une mitre, bénissant de sa main droite et tenant une crosse de sa main gauche. Autour, nous pouvons lire : SANCTVS BARNARDVS, c’est-à-dire SAINT BARNARD. Au revers (face arrière), une croix avec la date de 1547, et autour : +ROMANENSIS ECCLESIE, c’est-à-dire EGLISE DE ROMANS.
Méreau de la chapelle Saint-Maurice dans la collégiale Saint-Barnard
Il est en bronze et de la dimension d’une pièce de deux euros. Il présente, à l’avers, saint Maurice debout, tenant une lance et un bouclier, et autour ces mots : +SIGNV° MI° CAP° 1547° SACTI° MAVRICII°. Au revers, les armoiries du chapitre de Saint-Barnard et une main de bénédiction, et autour : +IN° ECCLA° BARNARDI° DE° ROMANIS°, c’est-à-dire DANS L’EGLISE DE BARNARD DE ROMANS. Il s’agit sans aucun doute de l’exemplaire unique qui était en possession de Paul-Emile Giraud, maire de Romans et historien local, en 1848, quand il en fait la description dans son ouvrage “Composition, mise en scène et représentation du Mystère des Trois Doms”.
En 1549, le chapitre de Saint-Barnard était loin d’avoir une brillante situation financière puisqu’il fut contraint de solliciter un délai d’un an pour rembourser la petite somme de vingt livres, et les méreaux disparurent tout à fait à Romans.
L’autre intérêt de ces méreaux est qu’ils ont une face montrant saint Barnard lui-même et qu’il s’agit donc de la plus ancienne représentation de notre saint local connue à ce jour.
Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com
Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/10/19/les-mereaux-de-saint-barnard-especes-sonnantes-et-trebuchantes-de-la-collegiale