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Le monastère de Sainte-Ursule de Romans

Ce qui fait que leurs revenus effectifs, par l’addition de ces deux articles, arrivaient à une somme de 17 069 livres, 18 sols et 10 deniers.

Dans leur déclaration de revenus, les dames de Sainte-Ursule avaient porté les domaines de Chalaire, Charbesse, Servonnet, Chanteloube, Racamey et quelques vignes à Alixan à un revenu annuel de 11 068 livres. Le Directoire du district avait cru, suivant qu’il résultait de son avis, que les exposantes avaient augmenté ces revenus de 1 639 livres et y avait, en conséquence, fait un retranchement de cette somme. Or, ces dames affirmaient que les experts nommés par le Directoire avaient consulté soit les grangers, soit d’autres personnes qui, envieuses d’acquérir ces domaines, en avaient dissimulé la véritable production. Cet état de fait pouvait être prouvé par le prix que ces mêmes grangers et voisins avaient donné de ces domaines lors de l’acquisition qu’ils en avaient faite, car il résultait des adjudications passées par les Directoires des districts de Valence et de Romans qu’elles s’étaient élevées à la somme de 346 850 livres, savoir le domaine de Servonnet, 77 300 livres, celui de Racamey, 5 750 livres, celui de Chalaire, 162 400 livres, celui de Charbesse, 17 900 livres, celui de Chanteloube, 80 500 livres, et la vigne à Alixan, 3 000 livres.

Outre ces revenus, les exposantes avaient encore le produit de l’enseignement et le bénéfice sur les pensionnaires qu’elles avaient en grand nombre.

En raison de leur âge et des infirmités de la plus grande partie d’entre elles, elles craignaient que le besoin et la misère qui bientôt les affligeraient ne pourraient que leur devancer le tombeau.

Quelques jour plus tard, le 22 juin, le Directoire du district de Romans estima qu’il n’y avait pas lieu d’accéder à la demande des dames Ursulines.

Un arrêté de l’Administration départementale, en date du 10 juillet 1791, alloua finalement un traitement annuel de 432 livres, 14 sols et 1 denier pour chacune des vingt-six religieuses de choeur qui composaient la communauté d’Ursulines de Romans lors de la suppression de celle-ci.

Le 14 septembre 1791, devant les officiers municipaux de Romans, soeur Marie de saint Ruf Giraud prêta serment d’être fidèle à la nation et de maintenir la liberté et l’égalité, ou de mourir en les défendant.

Le 27 septembre 1791, les religieuses de Sainte-Ursule exposèrent au Directoire du département de la Drôme qu’en vertu des décrets de l’Assemblée nationale, elles étaient maintenues dans la jouissance des maisons, jardins et dépendances qui étaient à l’usage du monastère et, qu’en conséquence, il dépendait de leur maison des biens qui leur étaient très nécessaires mais ne faisant pas partie des revenus qui avaient été fixés pour leur traitement :

1° Une petite maison dans laquelle on communique de celle du monastère par une galerie en bois qui traverse la rue de Saint-Vallier, confinant des levant et midi la dite rue, du couchant rue en cul-de-sac, du nord maison de François Laye, encore couchant et ensuite nord maison de la veuve de Claude Desgranges,
2° Une écurie à pourceaux qu’elles élèvent pour leur usage, confinant du levant la dite rue de Saint-Vallier, du midi la dite maison de la veuve Desgranges, du couchant la dite maison de Laye, du nord maison d’André Fayolle.

Lesquels deux biens se joignaient aux angles des maisons de la veuve Desgranges et de Laye.

Venant d’apprendre que le Directoire du district de Romans se proposait de les vendre le 29 octobre suivant, elles recoururent ces Messieurs de surseoir la vente et de les maintenir en la jouissance des dites maison et écurie.

Le Directoire du district de Romans rendit un avis positif le 22 octobre et le Directoire du département, à Valence, rendit aussi un avis positif trois jours plus tard.

Les commissaires nommés par le Directoire du district de Romans se rendirent, le premier octobre 1792, dans le monastère de Sainte-Ursule, à l’effet de procéder au récolement des objets inscrits dans l’inventaire du 9 novembre 1790, et constatèrent qu’il manquait de nombreux objets, emportés par les religieuses déjà sorties ou volés par des inconnus.

A cause du mauvais temps, les dernières religieuses remirent leur sortie au lendemain.

Elles quittèrent leur monastère le 2 octobre 1792.

Lors de l’Assemblée municipale réunie le lendemain, le maire déclara : “Je viens d’apprendre qu’un grand nombre d’artisans, ouvriers et autres habitants de cette ville se sont portés à la maison nationale qui était ci-devant le monastère des dames Ursulines, pour abattre les murs de clôture de la cour qui sépare les deux pavillons composant ce bâtiment. Je me suis sur le champ transporté à la dite maison avec le citoyen Andrevon, officier municipal. A notre arrivée, nous avons trouvé la porte de clôture enlevée et de fortes brèches faites aux murs. Nous avons voulu arrêter cette voie de fait mais le peuple assemblé nous a répondu que le voeu de la commune était connu depuis longtemps pour que cette cour devienne une rue publique, dès que la dite maison serait vacante et que les religieuses qui l’habitaient l’ayant quittée hier, ils s’empressaient de faire jouir la ville de cette nouvelle communication, qu’ils assuraient la municipalité qu’aucun dégât ne serait commis, aucun matériau pris, et que les intérêts de la nation seraient respectés. Nous avons eu beau leur représenter combien leur démarche était illégale, tous nos efforts ont été inutiles, et la démolition des dits murs se continua.”

L’Assemblée municipale considéra que rien ne pouvait autoriser la démarche des habitants qui, de leur propre volonté et sans aucune autorisation, se permettaient de démolir les murs de clôture de la cour du monastère de Sainte-Ursule, que la résistance qu’ils avaient opposée aux exhortations paternelles qui leur avaient été faites était affligeante pour tous les amis de l’ordre et de la loi, et que cependant, quelque blâmable que fut leur conduite, de puissantes raisons de prudence et de sagesse commandaient à la municipalité de ne pas employer les moyens de rigueur qui étaient en son pouvoir, en opposant la force à la force, attendu que la volonté et le voeu général des citoyens pour l’ouverture de cette rue étaient trop fortement prononcés, que l’utilité réelle de ce passage public ne pouvait être contestée, qu’il procurait aux habitants de cette ville, et surtout à ceux des quartiers de Clérieux, de Jacquemart, de Villeneuve et de Saint-Nicolas, une communication facile et avantageuse, que bien loin de détériorer cette propriété nationale, il en augmentait la valeur en donnant la facilité de diviser la vente de deux édifices très considérables à différents particuliers tandis qu’on trouverait difficilement un seul acquéreur pour les deux bâtiments.

Il fut alors arrêté que le commandant de la Garde nationale serait requis d’augmenter de neuf hommes la garde ordinaire pour en placer un nombre suffisant dans la cour du monastère de Sainte-Ursule, à l’effet de veiller à ce qu’il ne soit pas touché aux effets et meubles qui sont dans cette maison, et qu’il ne soit enlevé aucun des matériaux qui sont dans la cour.

Le 30 novembre 1792, sur proposition de M. Reymond, commis à la voirie de la ville, la municipalité décida que le grand escalier servant en l’entrée du monastère de Sainte-Ursule et faisant saillie de huit pieds devait être démoli car il gênait beaucoup le passage de la rue qui servait non seulement de traverse à la grande route de Serre à Roybon et autres lieux du même côté, mais encore à celle des départements du midi à Lyon, lorsque le port de la Roche était intercepté par le débordement de la rivière d’Isère, ce qui arrivait assez souvent. De même concernant l’avant corps de cinq pieds de largeur se trouvant au levant du vieux bâtiment. Ces deux démolitions furent faites aux frais de la commune en se prévalant des matériaux.

   

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