Objets d’archives – Le panneau peint de sainte Véronique
Alors que Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha ou mont du Calvaire, une femme pieuse nommée Véronique lui donna son voile pour qu’il puisse essuyer son front. Jésus accepta et, après s’en être servi, le lui rendit avec l’image de son visage qui s’y était miraculeusement imprimée. Dans la forme traditionnelle du chemin de croix de la Passion du Christ, la station appelée “Véronique essuie le visage de Jésus” est la numéro 6.
Fondé en 1516 par un marchand Romanais du nom de Romanet Boffin, le chemin de croix de Romans était un lieu de pèlerinage très prisé durant plusieurs siècles, jusqu’à la Révolution française. Après les destructions commises par les Révolutionnaires, l’enclos du calvaire est utilisé comme cimetière communal pendant quelques années. En 1820, Pierre Larat, alors propriétaire du calvaire, le vend au diocèse de Valence à condition de reconstruire les chapelles et qu’il demeure un lieu de vie spirituelle. C’est à cette époque que les chapelles que nous pouvons voir aujourd’hui en ville et dans le calvaire sont reconstruites, certaines à leur emplacement d’origine, d’autres déplacées, en y installant des panneaux peints représentant les différentes stations de la Passion du Christ.
A l’origine, la station n°6 appelée “Véronique essuie le visage de Jésus” était proche du moulin de Laubat. Après les Guerres de religion et la destruction de toutes les stations du chemin de croix, on plaça une simple croix de bois contre la façade de cette maison. Il semblerait qu”en 1638, on y accrocha un tableau représentant la rencontre entre Jésus-Christ et sa mère. Lors de la restauration du chemin de croix initiée au XIXe siècle, elle fut placée hors de la porte de Clérieu, à l’entrée du faubourg, contre une maison et dans le mur du jardin de l’hôpital.
Dans les années 1960, la station est démolie pour effectuer des travaux d’aménagement de la voirie et un particulier récupère le panneau peint, permettant ainsi de le sauver. Après l’avoir entreposé dans un grenier pendant une dizaine d’années, il en fait don à la ville de Romans. En très mauvais état, il mesure 100×164 cm, porte l’inscription “Une femme pieuse essuie la face de Jésus-Christ” et est conservé aux Archives de Romans. Aujourd’hui, la station n°6 appelée “Véronique essuie le visage de Jésus” est visible en bas de la côte des Masses, à côté de la chute d’eau du canal de la Martinette. On y voit un bas-relief réalisé en 1942 par Duilio Donzelli, sculpteur italien qui avait fui le fascisme et s’était réfugié à Valence deux ans auparavant. C’est à lui que la municipalité de Romans avait demandé de créer des bas-reliefs pour orner les stations du chemin de croix et afin de permettre aux fidèles de ne plus se recueillir devant des stations vides.
L’info en +
Aujourd’hui, un seul panneau peint du chemin de croix de Romans est encore visible, enchâssé dans le mur d’une maison, à l’entrée de la rue de la Banque, à la station n°10 représentant “Jésus au palais d’Hérode”. À l’origine, Romanet Boffin, fondateur du chemin de croix de Romans, avait fait construire cette station dans le jardin du couvent des Cordeliers (à l’emplacement de l’actuelle place Jules Nadi), contre le mur de l’église, tout près de la grande porte. Elle fut démolie, comme toutes les autres stations, pendant les Guerres de religion. Le couvent et l’église des Cordeliers ayant été démolis à leur tour après la Révolution française, la station n°10 a ensuite été placée à l’entrée de la rue Conquiers (aujourd’hui appelée rue de la Banque), à droite, contre un mur, où l’on peut encore la voir aujourd’hui.
Merci Jean-Yves pour toutes ces anecdotes forts intéressantes !Bon confinement.