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La Vierge à l’enfant de la rue Pêcherie

L’objet que nous présentons cette semaine est une Vierge à l’enfant de la première moitié du XVIIe siècle en bois polychrome d’une hauteur d’un mètre. Après plusieurs siècles d’exposition, à l’angle de la rue Pêcherie et de la rue du Fuseau, soumise aux intempéries, ses couleurs ont disparu sauf une seule petite trace rouge sous le bras droit.

Nous sommes après les Guerres de religion et en 1638, le roi Louis XIII place la France sous la protection de la Vierge Marie. De telles statues sont souvent placées sur les façades pour exprimer la dévotion religieuse, protéger les habitants et leurs foyers, et manifester l’importance de la foi chrétienne.

Une autre Vierge à l’enfant de la même époque est visible à l’angle de la rue du Fuseau et de la rue de l’Écosserie.

Une ville entièrement ancrée dans la religion

Il n’est pas étonnant de trouver cela à Romans qui fut de tous temps une ville entièrement ancrée dans la religion. Il faut imaginer une petite ville, enfermée dans ses remparts, avec trois églises paroissiales (Saint-Barnard, Saint-Nicolas et Saint-Romain), six couvents et monastères (Sainte-Claire, Cordeliers, Visitation Sainte-Marie, Saint-Just, Capucins, Sainte-Ursule), plusieurs congrégations religieuses dont certaines importantes comme Sainte-Marthe, deux hôpitaux gérés par des religieux et religieuses, et sans oublier un chemin de croix monumental et un calvaire ! Et personne ne faisait défaut, y compris les consuls qui étaient l’équivalent de nos conseillers municipaux actuels. Dans les archives, nous trouvons de nombreuses mentions de leurs demandes de processions auxquelles ils participaient en se trouvant en tête. Par exemple, suite à l’épidémie de peste des années 1629-1630 qui emporta plus de 1 000 habitants de Romans, soit environ un sixième de la population, les consuls fondèrent une messe avec l’autorisation de l’archevêque de Vienne, et ils se rendirent en procession à l’abbaye de Saint-Antoine, avec tous les corps religieux et un grand nombre d’habitants de la ville, où ils offrirent vingt-trois cierges et un calice d’argent gravé aux armes de Romans.

La rue Pêcherie

Sur l’emplacement aujourd’hui occupé par la place du Puits du Cheval, le chapitre de l’église Saint-Barnard avait fait établir des viviers à poissons. Les travaux de construction du pont et de nouvelles habitations ont eu raison de ce vivier et de la source qui l’alimentait mais une trace en est restée dans une charte du XIVe siècle faisant mention d’une “maison où était la fontaine aux poissons.” La rue voisine prit alors le nom de “Pêcherie” en référence à sa proximité avec l’Isère et à l’activité principale de ce quartier. La rue Pêcherie a longtemps été une voie très importante de la ville de Romans. En effet, les quais de l’Isère ont été construits dans les années 1860 et cette rue permettait d’accéder à deux sites essentiels de la vie quotidienne : l’hôpital qui était situé dans le quartier de la Presle, à côté de l’actuelle Cité de la Musique, et le cimetière installé en haut de la côte des Chapeliers depuis l’année 1810 et où il se trouve encore aujourd’hui.

Si vous possédez des documents ou des objets relatifs à l’histoire de Romans, et si vous souhaitez que nous les présentions à nos lecteurs, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse jyvesbaxter@gmail.com

Cet article est aussi paru dans le Dauphiné Libéré : https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2024/12/14/la-vierge-a-l-enfant-de-la-rue-pecherie-veille-sur-l-histoire

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