Une lithographie du couvent de la Visitation au XIXe siècle
Réalisée entre 1889 et 1905, elle montre le visage de cette partie de la ville avant le musée.
C’est un beau document historique ! Cette précieuse lithographie du couvent de la Visitation Sainte-Marie de Romans vient d’être généreusement offerte à l’historien romanais et correspondant local du Dauphiné Libéré, Jean-Yves Baxter, par les religieuses de l’Institut Betania du Sacré-Coeur, à Vische, en Italie. Elle figurait parmi les effets de Louise-Marie Claret de la Touche qui avait fondé cet institut après avoir fui le couvent de Romans.
À l’arrière plan, on aperçoit l’ancien collège, à l’emplacement de l’actuel lycée Albert Triboulet. Preuve que cette lithographie du couvent, qui est devenu le Musée international de la chaussure, a été réalisée entre 1889 et 1905. À part le clocher qui a disparu, les bâtiments principaux, les chapelles et les jardins n’ont pas changé.
En 1906, le couvent abrita une école supérieure de jeunes filles et des nouveaux bâtiments furent construits le long de la rue Saint-Just, en particulier une cantine. On installa ensuite, dans cet immeuble, le service de la Goutte de Lait dont l’on peut encore voir, aujourd’hui, l’inscription de l’enseigne en lettres blanches sur fond bleu.
Retour aux sources
L’ordre de la Visitation de Sainte-Marie fut fondé à Annecy, en 1610, par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal dans le but de visiter les malades et les pauvres, d’où le nom de Visitandines que l’on donnait aux religieuses. En 1632, Charles de Claveyson, gouverneur de Romans, et Renée du Peloux, sa mère, adressèrent une requête à l’évêque de Valence afin d’obtenir des religieuses pour fonder un monastère de la Visitation à Romans. Pour aider à cet établissement, François de Gaste et Isabeau Livat, sa femme, firent donation du Château du Recteur dont ils étaient propriétaires.
En 1906, les religieuses furent expulsées et la Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche, qui était restée seize ans au couvent de Romans, fonda l’Institut Betania du Sacré-Cœur, à Vische, en 1914. Elle y est morte le 14 mai 1915.
En 2003, l’évêque italien Pier Giorgio Debernardi avait publié une biographie de référence, “un pavé” de 750 pages, sur la Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche. Dans cet ouvrage, disponible en version française, on trouve plusieurs illustrations parmi lesquelles une lithographie représentant le couvent de Romans.
Jusqu’à ce jour, nous ne connaissions que cette reproduction malheureusement de petite taille, de faible qualité et inexploitable mais les sources de l’ouvrage nous indiquent qu’elle provient de l’Istituto Betania del Sacro Cuore. Ne restait qu’à prendre contact…
Grâce au don privé de ces religieuses, cette lithographie restera désormais à Romans.
F.L., avec J.-Y.B.
Quand les bâtiments religieux occupaient le quart de la ville
Enserrée dans ses remparts, une grande partie de la superficie de la ville de Romans était, jusqu’à la Révolution française, occupée par des églises et leurs cimetières, des couvents, des monastères et autres communautés religieuses. À eux seuls, le couvent de la Visitation de Sainte-Marie, le monastère de Sainte-Claire, le monastère de Saint-Just et le couvent des Cordeliers (à l’emplacement de l’actuelle place Jules Nadi), occupaient tout le quart nord-est de la ville ! À cela, il faut ajouter les églises Saint-Barnard, Saint-Nicolas et Saint-Romain (aujourd’hui disparue), leurs cimetières et leurs dépendances. Et encore, le monastère de Sainte-Ursule (en haut de la côte des Cordeliers), le couvent des Capucins (près de l’actuel cimetière municipal), la congrégation de Sainte-Marthe (à l’emplacement de l’actuelle école Notre-Dame des Champs). Et enfin, les hôpitaux.
J.-Y.B.
Cet article est paru dans le Dauphiné Libéré : http://c.ledauphine.com/drome/2017/09/26/une-lithographie-du-couvent-de-la-visitation-au-xixe-siecle