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Le monastère de Sainte-Ursule de Romans

Le bâtiment et le mur furent finalement construits mais le sieur Alexandre Reymond-Merlin continua à argumenter et, le 30 avril 1739, il affirma qu’il paraissait que “par le fossé qu’elles ont fait faire pour jeter les fondements du côté du levant, elles prétendent encore s’avancer sur la rue, ce qui forme encore un angle non seulement nuisible à sa maison mais dangereux au public car des canailles pourront se cacher et attendre les passants sans être vus, ce qui favoriserait le crime.”

Les nombreuses et interminables procédures au sujet de ces constructions nous laissent comprendre que les religieuses étaient dans leur bon droit et aussi, d’intéressantes descriptions des lieux :

“La grande rue tendant aux Cordeliers et qui joint le corps de bâtiment des dames religieuses du côté du couchant forme une rampe qui est en pavé et de largeur d’environ douze pieds, régnant depuis les anciens murs de ce bâtiment jusqu’à environ les deux tiers de la largeur de la rue tirant du côté de ce mur du jardin du sieur Ruel.” (du 1er mai 1726 à l’année 1739, les dames religieuses louèrent la maison acquise de la Gralliat à M. Ruel, procureur du roi en l’élection de Romans au prix de 25 livres par année.)
“Comme la rampe qui règne tout le long des bâtiments des dames religieuses du côté du couchant est plus élevée que le reste de la rue d’environ trois pieds, cet endroit n’est pas destiné pour les charrettes et les voitures. Il serait même impossible qu’elles y passassent sans verser, aussi toutes les voitures passent au-dessous de la rampe et dans l’endroit de la rue qui n’est pas pavé et qui forme une largeur d’environ douze à quinze pieds jusqu’au mur du sieur Ruel.”
“Comme l’ancien mur des dames religieuses joignant la grande rue était très vieux et menaçait une ruine prochaine, les dames ont été obligées de le faire démolir pour le reconstruire. Cette obligation était tellement indispensable qu’indépendamment de l’embarras où elles se seraient trouvées si ce mur était tombé par vétusté, le sieur Roland, ingénieur des Ponts et Chaussées passant à Romans il y a environ une année et ayant observé que ce mur était prêt à s’ébouler, fit dire à Madame la Supérieure qu’il fallait le démolir pour le reconstruire, et que si les dames religieuses ne le faisaient pas faire incessamment, on les y contraindrait pour l’intérêt du roi et du public. Il n’était donc pas possible de faire autrement. Cette réparation était pressente et indispensable et, pour remplir toutes les formalités en tel cas requises et nécessaires, elles firent dresser par sieur Bruno Astier, entrepreneur à Romans chargé de la nouvelle construction, un plan figuratif de l’état des lieux, lequel lu et approuvé le 21 octobre 1738 par Monsieur le vicaire général de son éminence Monseigneur le cardinal d’Auvergne en qualité de leur supérieur.”
“Elles avaient eu l’honneur de se pourvoir par requête au Bureau et, sur les conclusions de Monsieur le procureur du roi, le Bureau fit ordonnance, le 8 août 1738, par laquelle le sieur Charavit, commis à la voirie, donna l’alignement. Cet alignement fut ensuite donné par le sieur Charavit le 12 décembre 1738, suivant son procès-verbal du même jour. Il en résulte que pour la décoration de la ville, en donnant cet alignement, il obligea les dames religieuses à reculer leur bâtiment d’environ trois pieds dans l’angle du côté de bise et d’avancer le mur à l’angle du côté du vent d’environ trois pieds et trois pouces, ainsi qu’il est marqué dans le plan figuratif.”
“Les fondements du mur du côté de la rue ont été jetés de la longueur d’environ deux toises sur environ douze pieds de profondeur parce que le terrain est très élevé à l’angle du bâtiment, du côté de bise, et le mur commencé de la hauteur de six pieds, ce qui a causé une grande dépense aux dames religieuses à cause du terrain qu’il a fallu creuser et enterrer dans cet endroit.”

Sur l’avis que le mur de clôture du Séminaire des Orphelines, renversé par la grande inondation de 1742, n’avait pas été relevé et que les bâtiments n’étaient point entretenus, le bureau de l’hôpital général, par délibération du 21 janvier 1743, fit intimer aux religieuses Ursulines qui dirigeaient la maison d’avoir, sous huit jours, à faire ces réparations. En présence de cette mise en demeure, elles demandèrent à se retirer en leur monastère et à remettre, avec les douze orphelines dont elles étaient chargées, l’établissement et tout ce qui en dépendait. Ce qui eut lieu le 2 mai 1744, après un inventaire des effets, titres et papiers. Les orphelines furent transférées à l’hôpital général.

Le 31 octobre 1756, les dames religieuses de Sainte-Ursule demandèrent à la ville qu’elle leur abandonne la rue qui était entre leur monastère et la vigne des révérends Pères Cordeliers (aujourd’hui, rue perpendiculaire à la côte Sainte-Ursule et longeant la place du 75è Régiment d’Infanterie). L’Assemblée générale de la ville de Romans décida que cette demande n’était pas juste, que cette rue était d’une grande utilité à la ville et que les Ursulines devaient se souvenir que la chose avait déjà été refusée le 5 septembre 1742.

En l’année 1761 ou 1762, la Mère supérieure, soeur Joseph de sainte Julie, proposa à la communauté de dire toutes les années, en l’honneur de saint Pierre d’Alcántara, le jour de sa fête, iste confessor et un pater, pour obtenir de Dieu, pas son intercession, la délivrance de plusieurs infirmités qui rendaient les jeunes religieuses presque toutes infirmes. La communauté y consentit et on commença cette même année, le 19 octobre, jour de sa fête.

A l’issue de la messe paroissiale du 20 mars 1773, les supérieure et officières du monastère certifièrent par écrit qu’elles faisaient exploiter des dépendances par des gens de journées et que leur intention était de continuer cette exploitation pendant neuf années à compter du premier janvier précédent :

1° Une terre située au mandement de Monteux, terroir du Calvaire, dénommée la Manchette, du contenu d’environ trois quartelées,
2° Une terre située au mandement de Peyrins, terroir de Mours, dénommée le Clapier, d’un contenu d’environ six quartelées,
3° Une terre située au mandement de Peyrins, terroir de la Gaie, du contenu d’environ deux sétérées.

Le 10 septembre 1778, fut inhumée dans le tombeau de l’église du monastère de Sainte-Ursule, le corps de soeur Justine de saint Benoît, de Chypre, décédée le neuf de ce mois, après avoir reçu les sacrements avec édification, âgée d’environ soixante-dix-huit ans, la dite inhumation faite par messieurs les curés de la paroisse Saint-Barnard et du dit monastère.

Le 28 août 1788, les soeurs de Sainte-Ursule, au nombre de vingt-neuf, renouvelèrent leurs voeux pour la dernière fois.

   

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