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Le monastère de Sainte-Ursule de Romans

Annexe II

Vie de soeur Suzanne de Jésus Malbruny, religieuse Ursuline de Romans.

La justice a gardé cette âme dans le coeur où était son trésor, lors même qu’il paraissait qu’elle dut succomber, comme elle garda Job accablé par tant de maux.

La pureté de son coeur et la délicatesse de sa conscience la rendaient extrêmement scrupuleuse et appréhensive des jugements de Dieu, et soigneuse de faire parfaitement ses actions, singulièrement ses prières, surtout de les faire avec la plus grande pureté d’intention qui lui était possible, ce qui lui a fait souvent dire que quelque appréhension qu’elle eût de l’enfer et quelque désir qu’elle eût du Ciel, jamais elle ne faisait ni s’abstenait de rien par ce motif. Aussi, l’amour de Dieu était le seul qui la faisait agir et pâtir, et donnait le mouvement de ses actions, et a toujours pratiqué une très grande mortification.

Les six dernières années avant sa maladie, elle n’a pas manqué de prendre des longues et rudes disciplines qui, pour l’ordinaire, étaient jusqu’au sang.

Elle était si humble qu’elle croyait que le pire de la maison lui était dû, et si pauvre qu’on ne lui a trouvé quoi que ce soit après sa mort. Elle fuyait plus que la mort les moindres occasions du péché, aussi elle ne savait jamais aucune nouvelle, non pas même ce qui se passait dans le monastère, excepté ce qui était de son devoir.

Son horreur était le parloir, elle n’y allait presque point et s’y arrêtait très peu, trouvant toujours, même avec ses plus proches parents, des légitimes excuses. Ses entretiens n’étaient que de Dieu, ayant son esprit toujours occupé de lui et plein de mille oraisons jaculatoires. Tous les jours, elle disait de nouvelles choses qui faisaient voir, qu’assurément, elle abondait en bonnes et saintes pensées, paraissant n’avoir autre plaisir qu’avec son divin époux.

Elle appréhendait grandement la mort, néanmoins, cette âme juste dans sa maladie, qui fut une fièvre à la fin continue, elle n’eut jamais aucune crainte. Dieu qui était sa fin unique fut aussi sa force et son espérance. Elle n’avait cherché que lui, aussi elle espérait tout de lui.

Elle reçut tous les sacrements avec une tranquillité et une douceur admirables, et en cet état, elle rendit son esprit à son bien-aimé, l’année 1657, à l’âge de cinquante-six ans.

Maximes de soeur Suzanne de Jésus

I. L’iniquité fait tomber le pécheur dans le piège parce que l’âme ne peut s’élever impunément contre Dieu, et qui est un arrêt irrévocable de sa justice, comme dit saint Augustin notre Père, que tout homme qui se dérègle trouve son supplice dans son propre dérèglement.

II. Le juste, lorsqu’il est attaqué par les hommes, ne cherche point, pour se maintenir, des appuis humains. Dieu, qui est sa fin unique et aussi sa force et son espérance, il ne cherche que lui et ne craint que lui. Il sait que tant que Dieu conservera dans son coeur la justice qu’il lui a donné, il sera invincible comme Dieu même.

III. La parole de Dieu est toute pure comme l’or qui a passé par le feu. Elle est la vérité même qui n’est mêlée d’aucune ombre de mensonge, aussi le sage dit : “Toute parole de Dieu est purifiée par le feu et il est un bouclier pour ceux qui espèrent en lui.” Le sage donc, en cette sentence, attribue le nom de bouclier non à la vérité de Dieu, comme il fait ailleurs, mais à Dieu même, pour nous apprendre ce que dit saint Paul, que le Royaume de Dieu ne consiste pas dans la parole mais dans la vertu de Dieu qui la sanctifie.

   

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